La foi, ça fait vivre

Papa et Fiston sont allés en bordure du bois et Fiston a bien remarqué un arbre mort, renversé là, ses racines hors de terre. Écoutons à ce sujet leur conversation.

F. Papa, les racines...

P. Oui, les racines, qu'est-ce qu'elles ont, les racines?

F. Les racines, elles gardent les arbres en vie?

P. Oui, elles gardent les arbres en vie. Mais elles font plus que ça.

F. Comment elles font plus, Papa?

P. Elles se nourrissent, elles prennent dans la terre ce qu'il y a de pourri, elle le digèrent et font avec ça le bois, les feuilles, les fleurs, les plantes, les arbres et les fruits.

F. Elles boivent aussi?

P. Oui, elles prennent l'eau et l'humidité dans la terre et en font de la sève qui monte vers les branches et ça produit la verdure que tu vois.

F. Elles sont vivantes?

P. Elles ne parlent pas comme nous et ne marchent pas. Mais elles ont leur vie.

F. Est-ce qu'elles respirent?

P. Il faut bien qu'elles respirent puisqu'elles sont vivantes. Mais pas de notre manière.

F. Est-ce qu'elles savent ce qu'elles font?

P. Je ne sais pas si elles savent ce qu'elles font, mais je sais, Fiston, qu'elles font bien ce qu'elles savent. Ça veut dire qu'elles doivent bien penser un brin, mais à leur manière. En tout cas, elles ont la foi.

F. Papa, tu dis que les racines ont la foi!!!

P. En d'autres mots, disons qu'elles croient ce qu'elles font. Peut-être bien que Quelqu'un au-dessus de nous croit pour elles. Sinon elles ne vivraient pas longtemps. En tout cas, la foi, ça fait vivre.

Fiston n'a plus posé de questions. Mais en revenant du boisé, Papa a cru l'entendre qui se répétait à lui même: La foi, ça fait vivre.

La foi, un clair-obscur

La dimension de foi va du très peu au beaucoup, mais ne le dépasse pas ici-bas. Qui peut prétendre croire parfaitement? Nos yeux voient le visible, notre corps réagit au sensible et nous comprenons bien des choses, mais la dimension de foi ne se situe pas à ce niveau et donc ne se mesure pas. Notre esprit se limite aux concepts et notre coeur aime ce qui lui plaît, mais l'Éternel les dépasse infiniment. Jésus nous a ouvert à plus grand que l'humain et nous y accédons tous les jours à notre petite mesure.

La foi, un clair-obscur; plus ou moins clair, plus ou moins obscur, dépendant de l'accueil que nous faisons à l'Esprit. En Jésus et l'Esprit se trouve la plénitude de la Révélation, mais qui peut l'accueillir en sa plénitude? Nous sommes de pauvres malentendants et malaccueillants, limités au peu-beaucoup. Mais ce peu-beaucoup dépasse en qualité tout ce qui se fait de mieux chez l'humain. Par le clair-obscur de la foi, nous touchons le divin sans le saisir en sa plénitude. Ici-bas le grain de blé de la foi est en croissance et n'atteindra sa pleine dimension que dans la vraie Vie.

Foi et prière (10)

Le Christ est au centre de notre dimension de foi. Il est Celui sur qui nous nous appuyons pour aller au Père. C'est par Lui et dans l'Esprit que nous pouvons dire: Père, que ton règne vienne en nous et dans le monde! Par le Christ, et dans l'Esprit, il nous est possible de dire: Donne-nous, Père, aujourd'hui, ce qu'il nous faut d'ouverture de coeur et d'esprit pour accueillir et faire ta volonté, pour pardonner nous aussi et pour aimer.

Notre pain quotidien est pétri de cette relation d'amour que notre Père veut voir s'établir entre Lui et nous, à coeur de journée. Il compte sur notre réponse d'amour pour faire en nous son oeuvre d'amour. De cette relation dépendent les solutions à nos problèmes individuelles et à ceux que la vie en société nous pose. Sans cette relation, sans notre réponse spontanée, c'est le chacun pour soi égoïste et ses suites que l'on connaît bien.

Dans la dimension de foi, notre liberté et notre volonté trouvent leur accomplissement surabondant dans la liberté et la volonté de surabondance de notre Père. Et alors la paix peut régner en nous et entre nous. Notre Père qui es aux cieux, fais en nous ce que tu dis, que ton règne vienne, fais jaillir en nous l'Esprit!

Foi et prière (8)

Quand on accède à la dimension de foi, on commence à vivre vraiment. C'est comme si le soleil se levait après des semaines de grisaille.

Quand on entre dans la dimension de foi, on entre également dans celle de l'amour, et alors la vie prend tout son sens. Elle n'est plus petite vie. On fait la rencontre de Celui qui est Vie et Amour au-delà de tout ce qu'on connaît de plus beau ici-bas.

La dimension de foi ouvre le plafond de notre maison intérieure pour qu'y entre le soleil et elle fait disparaître les murs qui enferment. S'ouvre à l'âme un grand espace et monte la prière d'émerveillement: "Dieu existe, c'est vrai, et Il nous aime!" Sont ouverts les yeux du coeur qui devient conscient, même si ce n'est encore qu'un pressentiment de ce que sera la Réalité vraie, très bientôt.

Foi et prière (7)

Quand on entre dans la dimension de la foi, il se fait un changement en nous. On ne voit plus le monde comme avant. On se sait en sécurité pour toujours, dès maintenant, parce qu'avec Jésus, il n'y a plus d'incertitude. Il a tout pris sur lui nos indignités, il a négocié le passage (la Pâque) dans la Vie. D'étrangers que nous étions, nous sommes devenus des familiers, des invités à la Noce, même des enfants dans la famille.

Et alors le détachement des choses secondaires devient possible, en conséquence de l'attachement plus grand aux réalités de Vie, en Celui qui est la Vie.

Et alors nous aimons, et le second commandement se fond dans le premier, et le partage devient possible et les actions charitables de même. Cela va de soi.

Et alors la prière devient une libération, une normalité comme la respiration. Surtout la prière de reconnaissance et de louange. Et l'on chante: "Il a fait merveille pour toi et pour moi..."