Regard (6)
En passant
du règne de la matière inerte à celui de la matière vivante, il nous faut
modifier notre conception de la force. On change de règne. La force d'une
poutre qui soutient un édifice n'est pas celle d'une branche de pommier chargée
de fleurs. Le regard humain voit la différence mais ne la comprend pas. Il y a
vie dans les branches de l'arbre fruitier mais pas dans les poutres. On ne peut
comprendre la vie, même en sa plus simple expression végétative.
La vie est
pour nous un mystère naturel participant du grand mystère surnaturel de Dieu.
Savoir par la foi qu'il y a vie dans un grain de blé mis en terre est une
chose, comprendre ce fait en sa nature intime en est une autre. Quand j'étais
petit et que je voyais mon père mettre dans des poches de la belle avoine pour
aller ensuite la répandre sur le champ, cela me semblait une aberration. Je
faisais confiance à mon père qui, lui, faisait confiance au mystère de la
germination. Comme quoi il faut la foi en la vie des semences pour consentir à
les perdre.
"Celui
qui perd sa vie en ce monde, a dit Jésus, la sauve en la vie éternelle".
On pourrait transposer ainsi: Celui qui sème sa vie en ce monde la récolte
abondamment en la vie éternelle. Cela est possible par la foi en la Parole...
tout comme mon père avait foi en la germination.